Les fidèles furent nombreux à venir célébrer l’Epiphanie avec la communauté des Oblats de la Vierge Marie. Le Père François, recteur, les pères Yves et Guillaume furent attentifs à faire redécouvrir le sens et la portée d’un tel événement, soit la présence adoratrice de trois visiteurs venus d’Orient. Ceux-ci avaient la certitude, comme astronomes, qu’un événement heureux se produisait dans une royauté du Moyen-Orient. Ils n’ont qu’un seul désir : y rencontrer un Dieu [sens de l’encens], un Roi [la raison de l’or] et un Sauveur par cette préfiguration de la Rédemption – œuvre accomplie en sa mort et sa résurrection- [ce qu’annoncera, dans le rite funéraire, l’utilisation de la myrrhe].
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Thomas Renaud de Aleteia, en 2018, nous parle du symbolisme de ces trois oblats -offrandes : or, encens et myrrhe- qu’offrent ces trois personnages de l’Ecriture.
L’or du Christ-Roi
Bien qu’il soit anachronique de parler du Christ-Roi dans l’interprétation du texte biblique, c’est bien à la royauté du Christ, Roi des rois, que renvoient les Pères de l’Église lorsqu’ils évoquent l’or. « Voici l’or : c’est un roi », écrit saint Grégoire le Grand dans une homélie sur l’Épiphanie, avant de poursuivre : « Voici l’encens : c’est un Dieu ; voici la myrrhe : c’est un mortel ». Toutes les grandes traditions spirituelles de l’Antiquité reliaient l’or au divin. Inaltérable et pleine d’éclat, cette matière devint rapidement réservée à l’aristocratie, au pouvoir royal, aux fonctions religieuses. Dans son acception latine, l’or renvoie étymologiquement à la lumière et au soleil, aurum signifiant aurore. Et si l’or fut aussi rejeté, dans la tradition biblique, comme signe d’idolâtrie, l’évangéliste saint Jean confirme, dans le livre de l’Apocalypse, sa dignité dans la liturgie du retour du Christ.
L’encens, utilisé pour le culte, évoque la divinité
Fréquemment utilisé dans les cultes aux divinités dans les civilisations assyrienne et égyptienne, l’encens était l’un des biens les plus précieux. Romains et Grecs le tenaient également en haute considération. L’encens avait alors une valeur équivalente voire supérieure à l’or. Attribut du divin, l’encens des Mages salue dans le nouveau-né de l’humble crèche, et au-delà des trompeuses apparences, un Dieu. Également présent dans la « liturgie » de l’Apocalypse, l’encens offert en adoration grâce à l’encensoir s’est inscrit durablement dans la tradition liturgique de l’Église. En montant vers le ciel, les fumées sacrées portent les prières des fidèles : « Que ma prière devant toi s’élève comme un encens », dit le psalmiste (Ps 140, 2).
La myrrhe, rappelle que Jésus est un Dieu fait homme.
Tout comme l’encens, la myrrhe, une résine aromatique, était recherchée par les anciennes civilisations pour son parfum. Les Hébreux s’en servaient pour fabriquer l’huile d’onction sainte des prêtres. Un usage moins connu nous est rappelé par Martine De Sauto : « Mélangée à du vin, la myrrhe en augmentait la vertu euphorisante et, selon une coutume juive, ce breuvage était parfois proposé aux suppliciés pour atténuer leurs souffrances, ce qui fut justement le cas pour Jésus (Mc 15, 23). » Utilisée pour embaumer les morts, elle servit à préparer la dépouille mortelle du Christ comme nous le raconte l’Évangile selon saint Jean : « Nicodème – celui qui, au début, était venu trouver Jésus pendant la nuit – vint lui aussi ; il apportait un mélange de myrrhe et d’aloès pesant environ cent livres. Ils prirent donc le corps de Jésus, qu’ils lièrent de linges, en employant les aromates selon la coutume juive d’ensevelir les morts. » Deux usages qui rappellent l’humanité du Rédempteur, dès le commencement de son existence terrestre.